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ÉTOFFEZ VOTRE DOS

ÉTOFFEZ VOTRE DOS
PAR LARA McGLASHAN

DONNEZ-VOUS À FOND POUR VOUS FORGER UN DOS LARGE ET ÉPAIS GRÂCE AU PROGRAMME TURBO DE TROY ALVES, LA NOUVELLE STAR DE L’IFBB

POUR LE CONCOURS USA 2002,
je vais m’entraîner pendant 11 mois complets — je ne veux rien laisser au hasard. Il faut que j’arrive à convaincre les juges de m’attribuer la carte pro. Je suis sûr et certain que ça va marcher.”
Une détermination aussi inflexible se rencontre chez quasiment tous les bodybuilders amateurs au début de leur carrière, chacun clamant avec enthousiasme qu’il sera le prochain Ronnie Coleman ou le prochain Jay Cutler. À première vue, Troy Alves, entraîneur personnel, ne semble guère différent du lot.
Pourtant, en 2002, après avoir frôlé la victoire à deux reprises au cours des années précédentes (il a été surclassé d’abord par Victor Martinez, puis par Fred Bigot), Troy a fini par concrétiser son objectif en remportant le titre en poids lourds au concours USA et en passant professionnel du même coup. Qu’est-ce qui le distingue donc des autres amateurs ambitieux? Réponse: une bonne dose de réalisme et d’humilité.
“Les deux fois où j’ai perdu, c’était entièrement de ma faute,” déclare-t-il, reconnaissant ouvertement les défauts dont il était seul responsable. “La première fois, j’ai essayé de prendre trop de masse et, la fois d’après, mon physique n’était pas assez dur. Je ne méritais donc pas de gagner. D’ailleurs, je salue les gars qui m’ont battu: ils étaient en superforme et ont gagné de façon incontestée. Malgré ce double échec, je savais qu’un jour j’allais concourir chez les pros: il fallait juste que je rentre dans le circuit.”
Après sa défaite au concours USA 2001, Troy s’est donné une année entière pour remodeler et rééquilibrer son physique. Il a réduit de moitié ses activités professionnelles, s’est entraîné deux fois plus souvent et s’est fixé un but unique et bien précis: la perfection. “Comme les juges n’avaient pas cessé de me dire d’améliorer l’équilibre musculaire et la symétrie, j’ai polarisé tout mon travail là-dessus,” explique-t-il. “Il fallait aussi que je perde de la graisse au niveau du haut des ischios et des fessiers, groupes musculaires pour lesquels j’étais systématiquement pénalisé. Au fil des années, j’avais négligé cette partie du corps parce que je ne pensais pas qu’elle serait évaluée par les juges. Franchement, quel est le gars qui pense à ses fessiers? Il a donc fallu que j’amène ces muscles au niveau du reste. Je les ai travaillés deux fois par semaine, j’ai ajouté un peu de cardio et je me suis efforcé d’éliminer la graisse sous-cutanée qui s’y était logée.”
Après 12 mois de dur labeur et d’autocritique impitoyable, Troy était prêt à remonter sur scène. Il avait fait tout ce qui lui était humainement possible de faire pour s’améliorer: le reste était entre les mains des juges. “J’ai dit à ma femme que si je ne passais pas pro cette fois-ci, c’est que le destin en avait décidé autrement,” déclare-t-il en toute simplicité. “Alors qu’en 2001 et en 2002, je n’étais pas prêt mentalement et physiquement à concourir au niveau professionnel, 2002 allait être l’année de ma réussite… ou de la fin de ma carrière!”

EN ROUTE POUR L’IFBB
Heureusement pour le bodybuilding, la retraite prématurée de Troy a été évitée: il a obtenu sa carte pro et est entré en fanfare dans le monde des professionnels. “L’Ironman 2003 a été ma première compétition pro. Tous mes amis, ma famille et mes fans étaient venus de l’Arizona pour m’encourager,” se souvient-il. “Mon premier appel en comparaisons a été avec Flex Wheeler et Jay Cutler, et même si j’avais l’air calme sur scène, intérieurement j’avais vraiment le trac! Être enfin là, c’était à la limite du réel.” La récompense que constituait cette quatrième place a rendu encore plus appréciables ses débuts chez les pros. Résultat, au cours de sa première année, Troy a été propulsé au top grâce à sa remarquable réussite, disputant huit concours d’affilée et se classant dans le top 10 de façon systématique.
S’il a “la main heureuse,” c’est peut-être parce qu’il a très nettement amélioré son physique, mais c’est aussi fort probablement parce qu’il a pris conscience, en toute humilité, du fait qu’il a du pain sur la planche! “J’écoute les juges et je fais ce qu’ils suggèrent,” dit-il. “Récemment, ils m’ont conseillé de développer globalement ma musculature en épaisseur et ce sera donc mon objectif pour cette année. Ils m’ont également signalé que mes fessiers et mes ischios ont besoin d’être plus durs: ce sera là un autre objectif à atteindre.”
Sans broncher, il passe en revue ses points faibles, comme s’il cochait une liste de commissions au fur et à mesure de ses achats! Nulle amertume ici ni froissement d’amour propre, mais une évaluation franche et sans concession conjuguée à une stratégie positive pour faire toujours mieux.
“J’ai foi en moi-même et je sais que je suis capable d’afficher un physique tout à fait différent à Olympia [2004],” ajoute-t-il, débordant d’enthousiasme quand il envisage cette perspective. “L’an dernier, j’ai fait 10e et c’était génial! Mais cette année, je veux être un des six finalistes.”

LE MONDE EXTÉRIEUR
Tandis que Troy s’affaire méticuleusement à augmenter sa masse musculaire, il ne délaisse pas le quotidien pour autant. Quand il n’est pas en compagnie de son épouse Tara ou de Devinie, leur fille adolescente, il se fait des amis parmi ses nouvelles connaissances chez les pros. “Je discute tout le temps avec Dexter [Jackson], Jay, Chris [Cormier], Milos [Sarcev] et Garrett [Downing],” déclare-t-il. “Il y a un esprit de camaraderie formidable et ça se passe très bien avec tous ces gars, sans exception. Pas de critiques ni commentaires désagréables. Uniquement des encouragements positifs.”
Bien que Troy cherche, lui aussi, à se faire remarquer comme compétiteur et qu’il fasse équipe avec Shawn Ray lors des séminaires qu’anime ce dernier, il prospecte en dehors du bodybuilding afin de se garantir financièrement pour l’avenir. “Je rachète des biens immobiliers qui ont été saisis, je les répare un peu et je les revends en faisant un bénéfice. “J’adore le bodybuilding, mais je ne veux pas en dépendre pour gagner ma vie.”
“Beaucoup de gars se cantonnent totalement au culturisme et ne font rien d’autre: c’est pour cela que les conséquences sont graves quand ils perdent et c’est ce qui explique leur amertume,” poursuit-il. “Il faut pourtant avoir les pieds sur terre et savoir que même si on réussit très bien, on peut connaître des déboires à tout moment pour une raison ou pour une autre.
“Personnellement, pour ce qui est du bodybuilding, ce qui doit m’arriver arrivera. Si c’est écrit, ça se passera ainsi! Entre-temps, il faut quand même gagner sa croûte.” M&F

Compétitrice de fitness, Lara McGlashan est journaliste indépendante à Los Angeles. On peut la contacter à [email protected].
JUILLET 2004